Par David Boutherin.
La construction d’une équipe est une alchimie parfois longue à trouver. C’est d’autant plus compliqué en contextes multi : sociétés, sites, cultures, maturité…
Souvent, on ne voit que la face visible de l’iceberg : le cercle proche. Mais pour réussir un projet, c’est bien la prise en compte de trois dimensions qui compte :
- l’équipe interne à votre société
- l’équipe interne à votre client
- l’équipe que vous formez avec votre client
Je vous propose donc ci-dessous des retours d’expériences, permettant de mettre en valeur quelques principes autour de la construction d’équipe.
Ne voyez donc surtout aucune vérité universelle dans cet article et n’hésitez pas à contribuer avec vos constats, ce qui fonctionne pour vous… 😉
#1 : S’entourer et rassembler
Un premier principe simple dans les relations entre individus : la rencontre physique est capitale.
Dans le cas d’une sélection, rendez-vous physiquement auprès de votre potentielle équipe. Pitchez le projet, ses valeurs, la vision. Faites adhérer tout en restant transparent et direct pour détecter les premiers verrous ou points d’achoppements. Adaptez-vous à vos interlocuteurs.
Vous avez la main pour rassembler : argumentez avec conviction, passion (ce n’est pas un gros mot).
« Faites parler vos tripes ! »
Observez les réactions et captez ces informations avec empathie. Il s’agit de détecter les craintes/doutes, estimer ce qui peut être surmonté, ce qui peut être un accélérateur.
Il est nécessaire de sélectionner les individus avec raison pour faire converger leurs objectifs personnels avec les objectifs de votre mission.
J’ai souvent pu constater que les freins sont basés sur des divergences profondes, des convictions ou croyances techniques ou personnelles, sans dialogue possible apparent, ou sans amorce d’intérêt/réflexion/curiosité pour les enjeux projet présentés.
L’ouverture de la personne est cruciale à cette étape.
Par empathie, vous avez tout de même une perception. Votre discours touche ou pas et vous avez déjà une première mesure de l’engagement et de l’envie de vos interlocuteurs de participer à l’aventure.
Voilà votre première clé de succès collectif : l’envie !
Parfois il n’est pas possible de sélectionner son équipe et il faut alors faire preuve de conciliation (limiter les freins au changement) et de patience pour obtenir l’adhésion dans le temps en générant de l’envie. Là encore l’empathie est votre meilleure alliée. Cherchez à comprendre, amorcez la discussion, désamorcez les freins rencontrés et construisez la confiance.
Il m’est arrivé d’être surpris par la capacité de “moutons noirs” d’abord réticents ; puis finalement emportés par la dynamique du reste du groupe. Jusqu’à finalement devenir eux aussi des moteurs vitaux pour l’atteinte des objectifs communs.
#2 : Ensemble on va plus loin
“Placez l’humain au centre de vos projets”. Oui c’est joli sur le papier, on l’entend partout… mais concrètement, comment faire ?
Pour illustrer le concept, voici un exemple très personnel.
« Je pratique la course à pied (Trail Running) et c’est personnellement devenu mon équilibre. Beaucoup de personnes pratiquent ce sport, alors quoi de mieux pour casser les barrières qu’un réveil en courant avec tout ou partie de son équipe pour partager ce qui nous touche ?
Bref, réveil très tôt pour un lever du jour mémorable avec une vue en balcon sur les montagnes. Nous voilà en petit groupe, les habitués encouragent et rassurent les débutants un peu hésitants et tout le monde progresse jusqu’à faire la boucle prévue. Certains n’avaient jamais tenté : ni de courir si tôt, ni de faire autant de km et de dénivelé à la fois, et encore moins juste avant d’aller au bureau !
Solidarité, partage, simplicité, humilité, dépassement de soi, sont les valeurs qui ressortent de ces moments. Certains retiendront “courbatures” en bonus, mais avec le sourire et beaucoup d’authenticité qui demeurent des ciments solides à long terme. »
Cette expérience sincère est totalement reproductible, quels que soit le domaine ou l’activité à partager. Le Teambuilding, la construction de la relation avec l’autre en tant qu’humain c’est la base, et c’est également quelque chose qui s’entretien dans la durée.
La position hiérarchique ne doit pas être un frein pour s’ouvrir aux autres !
Soyez-vous même, partagez sans attendre en retour et ouvrez-vous positivement. Etre spontané, cela ne coûte rien (coucou PnL ;-)) et, tenez-vous bien, cela peut même rapporter !
La productivité s’en retrouve concrètement boostée, la communication va plus vite, les échanges sont décomplexés par la “connaissance de l’autre” en tant que personne et non plus en tant que fonction. Certains problèmes sont effacés avant même d’apparaître.
Désolé pour les physiciens : une attitude positive attire le positif 🙂
En période de forte charge ou en crise, une relation mal construite avec son équipe et c’est le crash assuré : difficile d’avancer harmonieusement et efficacement dans une direction commune.
Si vous n’avez pas assemblé les individualités en amont, la première sortie de route sera douloureuse et riche d’enseignements.
Je ne suis généralement pas très foot mais je vais me permettre une métaphore « parlante » en me risquant à un raccourci :
Coupe du monde 1998 -> groupe soudé par un manager focalisé sur la cohésion de groupe et l‘équilibre des individualités -> 1ere étoile française.
Coupe du monde 2010 -> groupe disloqué avec des individualités exacerbées -> Catastrophe sportive française cristallisée à Knysna.
Coupe du monde 2018 -> groupe soudé par un manager focalisé sur la cohésion de groupe et l‘équilibre des individualités -> 2e étoile française.
Vous voyez ce que je veux dire ? Il ne tient qu’à vous, d’assembler les individualités pour dépasser la performance personnelle avec le collectif que vous avez généré. Les individus n’œuvrent plus seulement pour eux, mais pour le groupe et donc pour la réussite du projet commun.
L’“intelligence collective” qu’ils disaient ? C’est Oui car l’engagement de chacun devient naturel, et permet de soulever des montagnes sans user d’une énergie folle pour impliquer les acteurs !
#3 : Un catalyseur pour les grandes organisations ?
Dans les projets de transformation/transition, le “lâcher prise”, le recul (toute mesure gardée) et la transversalité sont à mon avis fondamentaux. Ces éléments étant à opposer avec le désengagement, la déresponsabilisation et les organisations en silos.
Un exemple :
“Il est illusoire de croire que le plan projet parfait sur 63 pages, ses 17 ressources associées sur 3 BU et les 12 plannings millimétrés à l’heure de charge près pour les 6,4 mois à venir vous mènera au succès.
C’est une croyance qui enlise le projet et ses acteurs un peu plus à chaque difficulté ou retard.”
Tout ne sera pas parfait, et il faut accepter l’incertitude pour être prêt à s’adapter en permanence, en restant pragmatique sur l’exécution.
Je suis convaincu que le succès d’un projet est intimement lié à la capacité de l’équipe entière à ne faire qu’un pour s’adapter aux contraintes. C’est ainsi que les aléas sont absorbés en parfaite cohésion, tout en gardant l’équipe alignée dans la vision commune qui a été fixée au départ. Au risque de me répéter : sans adhésion, pas de résultat.
Une équipe soudée sur une cause ou un objectif commun c’est la base.
On peut citer en exemple les problématiques des organisations en silos ayant perdu toute transversalité : les équipes dé-corrélées desservent souvent des objectifs sans vue d’ensemble et se réfugient derrière des processus hors d’âge, en marge du pragmatisme du terrain, et par extension du service attendu par les clients ou les utilisateurs finaux.
Il y a toujours ce “feeling” en toile de fond. On le sent, ou pas. On s’écoute, ou pas.
Mais qu’on le veuille ou non, la “petite voix intérieure” détient très souvent une partie de la solution. Il me parait important de chercher à identifier et matérialiser l’intérêt de l’individu/l’organisation afin qu’il y ait une attirance personnelle pour l’enjeu.
Je crois qu’il faut matérialiser l’envie. Car sans “Gagnant/Gagnant” concret, point d’engagement et de résultat au niveau attendu pour le projet.
Je suis convaincu que l’écoute (réelle), la transparence, et la confiance sont les meilleurs accélérateurs… si vous avez bien construit et maintenu l’engagement de votre équipe 😉
Grâce à l’implication des équipes que vous avez assemblées, vous maximisez votre chance de vous adapter aux aléas qui font la vraie vie d’un projet.
On a rarement la solution tout seul !
Conserver cette équipe dans la durée, sans la casser… est la suite de l’exercice. Une équipe est fragile et demande une écoute permanente, une adaptation quotidienne.
Vous devez tout mettre en œuvre pour être en mesure d’anticiper et mieux gérer les risques liés aux membres de vos équipes.
Il est parfois nécessaire d’encaisser des aléas pour des éléments pourtant détectés en amont mais jugés à moindre risque. Car c’est d’erreurs (maîtrisées) que l’individu et le groupe apprennent le plus : Il faut parfois s’exposer un peu pour franchir une étape.
C’est dans ses imprécisions et ses incertitudes que la construction d’une équipe est passionnante. Même si c’est parfois difficile. Puis au-delà de ce qui peut se construire et se préparer, il faut quand même admettre que l’humain fait (heureusement) aussi parfois naturellement le nécessaire si l’on a bien écouté et qu’on lui ouvre le champ des possibles.
Alors c’est sûr, construire une équipe ne sera jamais une science exacte, mais finalement : ne parlerait-on pas simplement une question d’ouverture d’esprit ? vous avez 4 heures. 😉
Si cet article vous a plu et que vous avez encore 3 minutes : voici mon précédent article sur l’agilité.
à bientôt 🙂